Un plus gros projet que prévu
Initialement, je ne prévoyais pas collecter de sources primaires afin d’agrémenter le SIG du réseau routier et des paroisses de Paris. Toutefois, par souci d’originalité et des suites d’une découverte intéressante, je suis revenu sur ma décision, et j’ai décidé de construire une banque de données contenant divers renseignements toponymiques. Avant d’entrer dans le vif du sujet, abordons tout d’abord ma découverte.
Depuis quelques semaines, j’essayais de trouver un dictionnaire dans lequel je trouverais une liste des rues de Paris, et ce, dans l’objectif d’uniformiser ma table d’attribue. C’est alors que je suis tombé sur l’ouvrage Dictionnaire historique des rues de Paris, en 2 volumes de Jacques Hillairet. Ouvrage des plus complets, sa première édition est datée de 1960 et depuis, il a été mis à jour de nombreuses fois. Incontournable de l’historiographie, cet ouvrage offre un portrait complet de la ville de Paris. En revanche, les informations topographiques qu’on y retrouve sont trop récentes pour la nature de mon travail. Certes, l’auteur y décrit de nombreuses rues d’ancien régime, mais ces dernières sont « enterrées » sous une pléiade de rues modernes/contemporaines aux années 1960. C’est donc afin d’éviter de devoir démêler les « vielles » rues des « nouvelles » rues que j’entrepris d’utiliser un ouvrage plus contemporain à ma période d’étude, c’est-à-dire, la fin du 18e siècle.
J’entrepris alors d’aller sur Gallica et c’est dans leur base de données que j’ai trouvé le Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments de Félix et Louis Lazare. Publié en 1844, cet ouvrage est suffisamment près de la période étudiée pour que les rues demeurent similaires et que je n’aie pas à effectuer un fastidieux travail de nettoyage, nettoyage que j’essayais initialement de fuir en laissant de côté l’ouvrage de Hillairet. Disponible sur le site web de la BNF, le dictionnaire Lazare me semblait, au moment d’une première lecture, bien étoffé et riche en détail. Poursuivant ma réflexion, c’est à ce moment que j’eus l’idée de construire une base de données à partir des observations présentes dans le dictionnaire Lazare.
En somme, à la suite de ces deux découvertes, mon projet commence à prendre une forme définitive. Je compte désormais réaliser une carte interactive et historique de Paris à la veille de la Révolution. Cette carte mettra en valeur le patrimoine routier et permettra aux usagers d’en apprendre davantage sur l’histoire de la capitale française. D’un autre point de vue, cette carte illustrera aussi le caractère scientifique de l’utilisation des SIG en histoire. Bien des chercheurs ont déjà ouvert la porte à cette approche méthodologique, notamment en ce qui concerne l’étude de Paris, une voix de plus qui s’élève dans la même direction ne pourra que bonifier la littérature scientifique et la mise en valeur de cette approche méthodologique. C’est entre autres pour cette raison que je publie ce projet de recherche. À but pédagogique et scientifique, les résultats de ce travail seront, je l’espère, utiles à la communauté historienne.
Méthodologie
À la suite de la lecture sommaire du dictionnaire Lazare, j’ai identifié 12 champs à partir desquels je pourrai décortiquer les renseignements présents dans ledit ouvrage. Dans le fichier Excel, on retrouve donc 12 colonnes identifiées ainsi : le nom de la rue, son type de volerie, un ou des anciens noms qu’elle a portés, une anecdote en lien avec la rue, catégorie pour l’origine du nom (religieux, topographique, métier, proximité), l’origine du nom selon Lazare, l’année/la période de création de la rue, son créateur, le type d’éclairage, le quartier dans lequel elle se trouve, la paroisse dans laquelle elle se trouve, sa largeur et enfin sa longueur[1]. Dès lors, je prévois effectuer le travail de moine qui consiste à identifier chacune des rues et remplir les champs identifiés plus haut. Quant à elle, la méthodologie du penchant « informatique » du projet réside dans la jointure et de données quantitative et qualitative avec un logiciel de cartographie, en l’occurrence, QGIS. Pour ce faire, je planifie donner un numéro d’ID à chaque colonne ainsi qu’à son homologue dans le SIG. Une fois ce travail terminé, et grâce aux numéros d’ID, je serai en mesure de joindre les deux entités, et ce, en utilisant l’outil jointure, cette fonction, qui joindra dans un même fichier GeoPackage, l’ensemble des champs présents dans mon fichier Excel et mon fichier géographique.
Avant de continuer à explorer la méthodologie de ce travail, il importe d’identifier les balises et règles sur lesquelles j’ai basé la construction de la base de données. Débutons par l’orthographe des noms de rue. M’inspirant de la classification des dictionnaires Hillairet et Lazare, les noms sont classés par ordre alphabétique en suivant cette logique : Nom (déterminant). Par exemple, la rue de l’Abattoir s’écrirait ainsi : Abattoir (de l’). Concernant le champ Catégories pour l’origine du nom, je n’ai pas identifié de catégories au préalable. Je mets donc des mots-clés, puis, en fonction de l’occurrence de ces derniers, j’établirai des groupes. Pour le moment, celles qui reviennent le plus fréquemment sont : la connotation religieuse, la proximité d’un lieu, la référence à un métier et la référence à un personnage historique.
Pour vous faire patienter avant la prochaine entrée, cette dernière qui portera sur la mise en ligne de ce projet de longue haleine et l’utilisation de la bibliothèque Javascript Leaflet, je vous présente un artiste que je vous encourage à découvrir ou à redécouvrir.
[1] Voici, en guise d’exemple, la totalité des champs remplis pour le Quai des Grands Augustins. Nom : Augustin (des Grands), Voirie : Quai, Autres noms : Rue de Seine par où on va aux Augustins, Rue du Pont Neuf qui va aux Augustins, Anecdote : On construisit ce quai puisque les inondations rendaient l’accès difficile et ruinaient les maisons riveraines, Nature du nom : Religion et proximité, Origine du nom selon Lazare : On lui donna ce nom du fait que les Augustins se sont établis à proximité, Année : 1231, Par : Philippe le Bel, Quartier de l’école des médecins, Paroisse : Saint-André, Éclairage : Gaz, Compagnie : Co parisienne, Largeur : de 9 à 26m, Longueur : 380m (Lazare, 1844, p.38)