Le chemin de fer Congo-Océan et l’Alltagsgeschichte

En 2014, le Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) intente une poursuite contre la SPIE-Batignolles pour crime contre l’humanité. À travers cette plainte, Louis-Georges Tin n’a qu’un souhait : faire condamner la Spie à construire des lieux de mémoire le long de cette voie ferrée. C’est après la lecture de ces articles que mon intérêt se porta à cet aspect de l’histoire coloniale. En tant qu’historien, il me vint, à l’esprit, un projet dont l’objectif serait de travailler à la construction d’une mémoire et d’un outil de commémoration. J’espérais, ainsi, contribuer à la lutte pour la reconnaissance de ce crime colonial.

C’est en progressant dans mes lectures que mon intérêt pour le CFCO s’est spécifié vers les notions de travail et de vie quotidienne. En effet, en plus de vouloir reconstruire la mémoire de l’évènement, j’ai décidé de redonner leur histoire aux milliers de travailleurs, qui sont morts ou qui subirent les contrecoups du recrutement massif. En tant qu’historien, il sera possible de porter une attention toute particulière à l’anodin, aux habitudes individuelles des travailleurs. Pour ce faire, l’objectif sera de constituer une méthodologie s’apparentant à celle de l’alltagsgeschichte, ce courant historiographique qui vise à étudier le quotidien des individus en décrivant la manière de vivre des individus, de s’habiller, de manger, de se loger.

Une famille de travailleurs forcés et leur domicile

Or, cette approche implique des problèmes méthodologiques importants : – 1 – l’accès aux sources et – 2 – le contenu des sources. En effet, bien que les historiens spécialistes de la « période contemporaine » croulent généralement sous les archives, l’étude du travail et de la vie quotidienne sur les chantiers du Congo-Océan est une expérience plus complexe. Il faudra, tout d’abord, récupérer les archives qui sont principalement à Genève (Archives du BIT) et à Aix-en-Provence (Archive des ANOM). Deuxièmement, étant donné qu’il s’agit d’archives administratives, il faudra repérer, entre les lignes, ce que les archives ne disent pas. C’est-à-dire que, pour brosser un portrait de la vie quotidienne sur les chantiers, il faudra s’efforcer de trouver, dans les archives coloniales, des éléments qui témoignent de la vie de tous les jours.

Selon mes hypothèses préliminaires, nous trouverons de tels éléments dans les correspondances de la série N-204 et dans les rapports des expéditions Lasnet et Kair, ces dernières qui avaient pour objectif de rapporter, en métropole, la situation sur les chantiers du CFCO.

Lors de la prochaine entrée de carnet de recherche, j’en profiterai pour partager ma vision en ce qui a trait à l’outil informatique que je vais réaliser comme prérequis à l’obtention de la maîtrise en informatique appliquée à l’histoire. D’ici là, voici un aperçu d’un travail préliminaire d’identification de lieux réalisé avec un article de Gilles Sauter Google My Maps et l’outil Geoname.

Nous pouvons voir ici la région traversée par le chemin de fer et un trentaine de marqueurs illustrant des lieux de mémoires au Moyen-Congo et au Gabon

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